Je n'aime pas Madame Badinter. Non je
ne l'aime pas. Pour tout un tas de bonnes et de mauvaises raisons, et
puis sûrement aussi par esprit de contradiction. Mais je dois dire
qu'aujourd'hui j'ai eu une pensée émue pour la femme.
Ça a commencé vers 7h30. Premier café avec belle maman en visite. Une belle maman tout ce qui a de plus
classique, qui n'aime pas trop sa brue (en l'occurrence moi), adore
son fils (en l'occurence lui) et parle dès son réveil.
La radio, france inter, et cette
invitée Elisabeth Badinter. Plus fort que moi je lâche
« je saque pas Badinter (1)
et belle maman comme de juste, de
répondre:
« Moi je l'aime beaucoup (2)
Ok, en avant, écoutons donc
religieusement ce que l'intelligentsia parisien peut bien avoir à
dire sur l'allaitement, les couches culottes, et autres joies de la
maternité.
Je ne dirais pas que c'était un
ramassis de conneries, mais bien évidemment j'étais exaspérée. Une
fois encore, les femmes étaient présentées comme les victimes
d'une société bien décidée à abattre toute velleité
d'indépendance chez elle, victime impuissante ou consentante, mais
victime tout de même. (3)
Badinter m'emmerdait déjà.
Et puis les gentils auditeurs de france
inter ont commencé à s'exprimer, librement, aimablement...
une auditrice :« alors moi je
suis pas d'accord j'allaite mon gamin c'est sensas
Elisabeth « euh oui...je défends
juste le fait qu'on puisse avoir le choix d'allaiter ou non sans se
sentir coupable
une auditrice« ouais mais moi je
fais la cuisine pour mes enfants et je trouve ça normal
elisabeth: « euh oui c'est bien,
mais …je défends juste le fait qu'on peut ne pas aimer cuisiner
sans se sentir coupable
Une auditrice; « moi mon mari il
fait le ménage
Elisabeth: « oui bien sûr
certains hommes...blabla.mais statistiquement les hommes qui
partagent les tâches ménagèrent sont encore une minorité...
etc...etc...etc...
Oui mais moi je, oui mais moi je, oui
mais moi je.(4)
Et toute cette excitation ne tendait
vraiment ni vers un débat de fond ni vers une réflexion quelconque
mais bien sur la nécessité des auditrices de justifier leur choix
de vie, de se défendre bec et ongle comme si elles se sentaient
personnellement attaquées par les propos de Badinter, attaquées
dans leur conviction les plus profondes.
Attaquées personnellement.
Et j'ai eu alors une pensée émue pour
Elisabeth (5). Certes je ne l'aimais toujours pas mais je
compatissais. Elle avait soulevé un putain de bon sujet, la
culpabilité féminine et et elle se prenait en pleine face notre
joli petit monde: Oui mais moi je.
De l'intelligentsia face au principe de
réalité
en même temps je ne supporte pas
grand monde
M'étonnais pas qu'elle aime
Badinter, ma mère aussi devait avoir un faible pour elle.
Définitivement je préfère
quand Despentes parle des femmes
Et naturellement, aucune auditrice
pour raconter les affres de la maternité, l'angoisse qui prend au
trip quand on rencontre ses 3kg6 de chair tout droit sorti de nos
entrailles, la peur qui nous assaille, la culpabilité de préférer
retourner bosser plutôt que de gazouiller toute la journée avec
les moins de 5 ans, les doutes, les questions, et ce putain
d'instinct maternel à la con sensé nous sortir de toutes les
situations périlleuses et qui ne montre pas le début de sa queue
D'un autre côté, mes tendances
christiques étant tout de même ultra limitées, je me suis vite
reprise: qu'elle aille se faire foutre Badinter, il aurait été
tellement plus intéressant de se demander pourquoi les femmes
s'obstinaient à tant douter d'elles mêmes, pourquoi elles
n'avaient pas encore fait la révolution, pourquoi la majorité
d'entre elles disparaissaient une fois accouplée durablement et pas
forcément sous un voile...Hein Badinter,